Qu'est-ce qu'une forêt ancienne ?
Lorsqu’on parle de forêt, il est facile de se perdre dans les différents types de forêts qui peuvent être assez distants les uns des autres. L’un des termes qui revient souvent est celui de forêt “ancienne”.
Voyons ensemble ce que revêt ce terme et les principales caractéristiques de ces forêts.
La définition d’une forêt ancienne
Le terme de forêt ancienne est avant tout un terme qu’on retrouve dans le langage courant, et qui a le malheur d’être assez fourre-tout. Il signifie généralement une forêt qui a l’air naturelle et qui ne semble pas exploitée par les humains à un instant T. Ce qui ne veut pas dire grand-chose quant à l’état de cette forêt, son origine ou des arbres qui la composent.
Le plus souvent, une forêt dite ancienne doit être âgée de 150 ans ou plus. Elle peut donc être constituée de forêt primaire, de forêt secondaire, mais aussi de forêt exploitée, tant qu’elle est antérieure à 150 ans.
Il est important de bien comprendre la définition de forêt ancienne car une forêt ancienne ne signifie pas que les arbres qui s’y situent sont nécessairement vieux, ni que la forêt n’est pas exploitée, ni qu’elle n’a jamais été exploitée.
Pourquoi est-ce important de différencier les forêts anciennes des autres ?
Si la notion de forêt ancienne est tant discutée et que sa définition peut attiser les débats, c’est avant tout que les enjeux entre les forêts anciennes et les forêts jeunes ne sont pas les mêmes.
La biodiversité, qu’elle soit animale ou végétale, tend ainsi à être bien moins affectée par les interventions humaines lorsqu’elle se situe dans une zone forestière ancienne plutôt que dans une forêt neuve. Les raisons sont principalement que les forêts anciennes, même si elles ont été exploitées à un moment de leur histoire, tendent à être bien plus denses puisqu’elles n’ont pas été défrichées pendant de nombreuses années. En conséquence, il y a plus de poches de biodiversité dans lesquelles les espèces peuvent s’épanouir.
La forêt ancienne est également un concept clé pour la protection des forêts. La proportion de forêts anciennes dans la totalité des forêts d’un pays est en effet un indicateur de développement durable. Plus la proportion est élevée, plus cela indique que l’exploitation forestière est soutenable. A l’inverse, une part de forêt ancienne très faible ou en forte décroissance est un indicateur typique d’une exploitation forestière trop intensive par rapport à sa capacité de régénérescence.
Les différents types de forêts anciennes
Puisque le terme de forêt ancienne n’est pas le plus précis, il est essentiel de distinguer les différents types de forêts qui peuvent être considérés comme des forêts anciennes. Il y en a 3, que nous expliquons plus en détail dans les articles ci-dessous.
Forêt primaire (vierge et sauvage)
La forêt primaire est un type de forêt qui se fait de plus en plus rare de nos jours. La définition d’une forêt primaire est simple : c’est une forêt qui n’a jamais été altérée par l’humain, du moins de manière visible. Cela signifie que ce sont soit des forêts originelles, soit des forêts qui ont été exploitées il y a très longtemps et qu’elles sont entre-temps revenues à cet état de fait.
Les forêts primaires ont presque disparu de l’hémisphère nord. En France, hormis la Guyane, on les compte sur les doigts d’une main. Aujourd’hui, les principales forêts primaires du monde se retrouvent principalement dans les zones tropicales, qui abritent l’essentiel de la biodiversité du monde : l’Amazonie, le Congo, et l’Asie du Sud-Est qui représentent à eux seuls près des ⅔ des forêts primaires du monde.
Pour en savoir plus sur les forêts primaires, lisez cet article.
Forêt secondaire
Comme son nom l’indique, la forêt secondaire est une forêt qui vient dans un second temps, après une phase d’exploitation. En d’autres termes, la forêt secondaire est une ancienne forêt primaire qui a été détruite puis qui a été replantée ou qui a repoussé naturellement.
La forêt secondaire inclut donc de nombreux types de forêts et est un des types de forêts les plus représentés dans le monde. Si la forêt primaire occupe environ 36% des forêts du monde, la forêt secondaire occupe l’essentiel du reste.
Certaines de ces forêts secondaires sont des forêts qui ont repoussé spontanément et sont donc proches des forêts primaires même si on peut encore déceler des traces d’activités humaines. C’est le cas de plus de la moitié des forêts mondiales.
D’autres ont subi davantage de modifications, ont été replantées par l’homme ou sont activement exploitées pour la sylviculture.
La forêt secondaire reste différente de la forêt primaire à bien des égards, même si cela ne se voit pas forcément pour un œil non averti. Le plus souvent, celle-ci a moins d’arbres très anciens, moins d’arbres morts, moins d’espèces autochtones rares et en conséquence moins de diversité biologique.
Découvrez tout ce que vous devez savoir sur la forêt secondaire dans cet article.
Forêt exploitée
La forêt exploitée est tout simplement une forêt qui est actuellement exploitée par l’homme. Cette forêt peut être une forêt jeune, une forêt ancienne de type forêt secondaire ou une forêt ancienne de type forêt primaire.
L’exploitation de la forêt est une activité ancestrale qui n’est pas mauvaise en soi, tant qu’elle est faite à un rythme soutenable pour les forêts exploitées, et tant qu’elle ne s’agrandit pas sur des refuges de biodiversité millénaires, comme c’est souvent le cas des forêts primaires.
Aujourd’hui, les enjeux de la déforestation sont nombreux, en particulier dans les zones tropicales qui sont très touchées en raison de leur proportion importante de forêt primaire.
Lisez notre article pour mieux comprendre l’exploitation forestière et les risques que cela fait peser sur les écosystèmes.
Combien de temps prend une forêt exploitée pour devenir une forêt primaire ?
Si une forêt exploitée peut redevenir une forêt ancienne en environ 150 ans, cela ne veut absolument pas dire qu’elle redeviendra une forêt primaire dans ce laps de temps. Pour passer d’une forêt secondaire à primaire, il faut environ 10 siècles dans l’hémisphère nord comme en Europe et 7 siècles sous les tropiques.
En fait, dans un cas comme dans l’autre, il faut que les arbres dits pionniers grandissent, puis meurent et soient remplacés par des arbres plus jeunes qui peuvent alors se développer et ainsi de suite. Le tout doit créer des forêts très hautes, un sous-bois extrêmement riche et plein de vie. Ce qui naturellement n’est ni simple, ni rapide.