Forêt de la Sylve d'Argenson
La Sylve d’Argenson, qu’on trouve également sous le nom de forêt de Chizé, est un ensemble biogéographique protégé sous forme de réserve biologique intégrale. Cette forêt présente de nombreux intérêts d’un point de vue historique pour comprendre les enjeux de la déforestation et de la fragmentation des milieux.
Découvrons ensemble ce qui rend la Sylve d’Argenson particulièrement intéressante.
Localisation de la Sylve d’Argenson
La Sylve d’Argenson désigne un espace forestier situé à Chizé, dans le Poitou-Charentes. La réserve biologique intégrale est un îlot forestier, situé à mi-chemin entre Niort et Saint-Jean d’Angély, qui est entouré de terres agricoles.
Contrairement à d’autres réserves biologiques qui sont difficiles d’accès, ce qui a souvent permis leur préservation en les éloignant des activités humaines, la Sylve d’Argenson est très facile d’accès. La forêt est traversée par plusieurs routes, et à même un village et plusieurs hameaux en son sein, dont certains avec des terres agricoles.
La forêt de la Sylve d’Argenson est donc une forêt qui est certes une réserve naturelle, mais qui reste fragmentée par des constructions et des activités humaines.
La Sylve d’Argenson : une ancienne grande forêt défrichée
L’histoire de la forêt de Chizé est finalement une histoire assez commune pour un pays comme la France.
La Sylve d’Argenson était une chênaie-hêtraie qui s’étendait à perte vue durant l’antiquité. La forêt a été fragmentée une première fois par les romains au 1er siècle, avec pour objectif de relier les capitales régionales de Saintes et Poitiers.
Dès le Moyen-âge, la forêt est de plus en plus défrichée. A la fin du Moyen-âge, elle reste cependant la plus grande forêt du Poitou avec ses 5 000 hectares, contre 3 400 aujourd’hui. A chaque fois, la surface forestière disparaît au profit des surfaces agricoles, des espaces ecclésiastiques ou de l’étalement urbain. Certaines enclaves agricoles existent même toujours aujourd’hui, notamment à Villers-en-bois et à Virollet.
Au fur et à mesure, la forêt est devenue isolée entre les terres agricoles, et fragmentée par les constructions humaines.
Les raisons pour lesquelles la Sylve d’Argenson est une
réserve biologique intégrale
Si la Sylve d’Argenson semble si fragmentée et finalement assez éloignée des réserves biologiques typiques, pourquoi a-t-elle été classée en réserve biologique intégrale ?
Plusieurs raisons expliquent ce classement. Tout d’abord, sa composition de “hêtraie calcicole sud-occidentale”, qui en fait un habitat privilégié pour la biodiversité alentour. On y trouve ainsi de nombreuses espèces rares, voire même des espèces uniques qu’on ne peut trouver qu’ici.
D’autre part, cette forêt étant entourée de terres agricoles qui ne peuvent être un refuge pour ces espèces rares, il a fallu leur donner un espace dans lesquelles elles pouvaient se maintenir et être observées. Il faut tout de même noter qu’en dépit de son caractère fragmenté voire atypique, la sylve d’Argenson reste la plus grande réserve biologique intégrale de France métropolitaine.
Les espèces emblématiques de la Sylve d’Argenson
La Sylve d’Argenson abrite plusieurs espèces emblématiques.
Du côté de la flore, nous pouvons y trouver de ma Belladone, qu’on ne trouve que dans cet espace dans la région Poitou-Charentes. Les pelouses calcaires sont également présentes, ce qui permet de donner un habitat où le Damier de la Succise ou la Laineuse du prunellier peuvent survivre.
La chauve-souris est également un animal emblématique de la Sylve d’Argenson. On en trouve pas moins de 18 espèces. Ces chauves-souris sont pour la plupart attirées par les feuillages des arbres de la forêt dans lesquelles elles ont l’habitude de chasser. Les chauves-souris ont besoin d’arbres de gros diamètres pour s’installer dans les interstices et vivre au cœur de la forêt, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui, même si les premiers signes sont encourageants.
Il faut rappeler que la Sylve d’Argenson reste une réserve jeune, même si certains pans de la forêt sont de la forêt ancienne. Il faudra donc de nombreuses années pour que la forêt puisse capitaliser sur les bois morts, qui favorisera de nombreux insectes, de nouveaux arbres plus grands et à terme des lieux d’installation pérennes pour les plus gros animaux comme les chauves-souris.